VULNERABILITE CLIMATIQUE EN MIP

Grandes catégories d’impacts et d’adaptation, selon les acteurs de la région

 

Les adaptations potentielles qui pourraient se produire au cours du siècle pour limiter les effets du changement climatique sur le territoire régional incluent :

Agriculture : Les grandes cultures sont adaptées aux conditions climatiques par les semenciers qui adaptent les semences tous les 5/10 ans. Les pratiques agricoles se modifient également, avec une semaison plus précoce pour récolter avant les périodes de fortes chaleurs. Par contre, le problème se pose sur l’irrigation, avec des conflits d’usages très forts en période estivales. Les besoins risquent d’augmenter, avec un impact important sur la consommation en électricité et en eau. Concernant l’arboriculture, les périodes de floraison sont de plus en plus sensibles au gel. La lutte contre le gel demande de l’énergie (utilisation d’eau, de chaleur…) en fin d’hiver, début printemps. L’irrigation est importante en période de forte chaleur.

Forêt : Les forêts de Midi-Pyrénées sont sensibles aux risques incendies (l’indice feux météo – IFM – augmente aujourd’hui notamment sur l’Est de Midi-Pyrénées).  L’adaptation des forêts se fera naturellement, il faut accompagner les forêts pour qu’elles se renouvellent naturellement, favorisant les jeunes pousses adaptées. En termes de productivité, celle-ci devrait augmenter (2030/2050) pour décliner ensuite (fin 21ème siècle).

Pêche : L’adaptation concerne la localisation des zones de pêche.

Biodiversité : Accompagner les changements (trame verte et bleue) et préserver les ressources (zone de protection) sont des adaptations possibles, bien que le « laisser faire » est préférable.

Eau : La région ne devrait pas manquer d’eau dans les prochaines décennies, mais c’est la répartition des précipitations qui va impacter, et impacte déjà, le régime annuel des précipitations. La période estivale sera fortement impactée par le manque d’eau, et les activités pourront elles aussi être impactées : production hydroélectrique, production,  agriculture, usages domestiques (qui en période estivale peuvent s’accentuer par les activités touristiques, les besoins de fraicheur) , loisirs (pêche, sports nautiques…), qualité.

Risques naturels : La Région Midi-Pyrénées est sensible à plusieurs risques naturels en lien avec le changement climatique. Le retrait/gonflement des sols argileux, très présent en Midi-Pyrénées (1/3 des sols de la région sont argileux), va s’accentuer avec les phénomènes de pluies extrêmes/sécheresses. Les glissements de terrain vont s’accroître, notamment si les sols sont nus et les pentes sont fortes (Pyrénées et Massif Central + coteaux). C’est aujourd’hui la 2ème cause d’indemnisation pour sinistre en France. Le risque feu de forêt (IFM), comme exposé précédemment, va s’accentuer. Les tempêtes et phénomènes extrêmes, dont les fréquences devraient augmenter (avec beaucoup d’incertitudes dans la modélisation). Les impacts comme en 1999 et 2010 ne sont pas négligeables, surtout pour la filière bois et les réseaux électriques. Les ruptures de barrages occasionnées par de fortes précipitations et des glissements de terrain, notamment si les installations sont vétustes.

Santé : Risque de surmortalité, comme en 2003, des personnes les plus fragiles => installation de climatiseurs pour les maisons de retraites… Risque de pollutions accrues, du fait de la chaleur combinée à la pollution automobile, avec des problèmes pulmonaires importants. En hiver, le froid ne va disparaître, et les évènements extrêmes hivernaux pourraient nécessiter des besoins en chauffage importants, surtout avec une augmentation de la population importante d’ici 2050 (plus de 20%).

Energie : voir section suivante.

Tourisme : Le plus fort impact concerne les stations de ski. La production de neige artificielle fait appel à une consommation importante en électricité et en eau. Pour s’adapter, les stations de ski ont recours à l’utilisation accrue de canon à neige. De plus, si aucune rénovation n’est envisagée, les logements des stations de ski, anciens et peu isolés, auront également recours à beaucoup d’énergie. Pour le tourisme estival et rural, les besoins en confort d’été peuvent impacter les consommations. Il faut adapter au confort d’été les hébergements de plein air, mais en favorisant la plantation d’arbres que le recours à la clim. Une menace, en forme d’opportunité, résulte sur l’attraction possible de nos campagnes en période estivale, là où la température en zone côtière pourrait être élevée, donc dommageable pour certaines personnes sensibles. Cela pourrait potentiellement entraîner une fréquentation plus importante, donc une demande en énergie plus forte qu’aujourd’hui (avec des problèmes en cas de pic de conso en été). Enfin, les problèmes d’usages de l’eau en été sont déjà fréquents, et vont s’accentuer, notamment si les ressources en eau sont moins bien réparties.

 Urbanisme et cadre bâti : Une grande partie des logements de Midi-Pyrénées sont peu ou pas isolés. La demande en énergie est importante pour les besoins en chaleur, et peuvent le devenir aussi pour les besoins en froid. L’augmentation de plus de 20% de la population de Midi-Pyrénées à l’horizon 2050, et le fort taux d’étalement urbain de l’aire urbaine toulousaine sont problématique pour limiter les déplacements motorisés individuels (qui pourraient dans l’avenir être électrique, donc accroître la demande) et diminuer les besoins en énergie (moins important en habitat dense). 

 

Vulnérabilité climatique potentielle du système énergétique en Midi-Pyrénées

 

Le SRCAE (Région Midi-Pyrénées, 2011) identifie les éléments du système énergétique  de la région Midi-Pyrénées les plus vulnérables face aux changements climatiques. Cette analyse permet d’identifier les vulnérabilités les plus importantes à modéliser dans ETEM-MIP.

  • La production d’hydroélectricité  est concentrée au niveau des Pyrénées et du Massif central, qui sont les territoires potentiellement les moins affectés par les impacts du changement climatique sur la disponibilité de la ressource en eau. À la lumière de cette estimation préliminaire, l’impact potentiel des changements climatiques sur la production hydroélectrique de la région doit être approfondi avant de pouvoir conclure en sa modélisation. Étant donné les autres facteurs influençant le développement du potentiel hydroélectrique (acceptabilité sociale notamment), il reste intéressant d'inclure l'hydroélectricité dans les paramètres soumis à incertitudes.
  • Concernant le nucléaire, l’une des conséquences directes du réchauffement climatique est le risque de dépassement des températures maximales de rejets (28 °C) en raison du réchauffement de l’eau, en plus de la diminution d'efficacité de fonctionnement de la centrale. La centrale de Golfech a déjà bénéficié d’autorisations exceptionnelles de rejet en 2003 (14 jours), 2004 et 2005 afin de ne pas interrompre la production d’électricité. On rappellera qu'à l'échelle de la France, sur les semaines 32, 33 et 34 de 2003, année de canicule, le mix énergétique EDF fait apparaître une baisse de 4% des volumes de production nucléaire et de 19% de l’hydraulique au fil de l’eau.  La perte de production nucléaire sur la période juillet-octobre 2003 pour respect de la réglementation s’élève à 5,3TWh (0,9 pour les températures d’air ; 3,5 pour les températures d’eau et 0,9 pour les étiages). Concernant la centrale de Golfech, si le débit de la Garonne fléchit sous les 85 m3/s, ce qui survient presque chaque année, EDF procède à des lâchers d'eau depuis le barrage de la Gimone, à la limite de la Haute-Garonne et du Gers. À moins de 49 m3/s, le préfet peut demander une baisse du volume d'eau évaporée, cas de figure qui conduit à une baisse de la production. Considérée plus épineuse que la quantité d'eau pompée dans le canal, la température des rejets est crucial. Après rejet, la température de l'eau de Garonne en aval de la centrale ne doit pas dépasser 28°C. L'échauffement de l'eau dû à la centrale ne doit pas dépasser 1,25°C entre amont et aval. Si elle atteint 30 degrés, les deux réacteurs son arrêtés. La température des est normalement située dans une fourchette entre 24 et 30 degrés. 
  • Au plan des demandes, une diminution des consommations d’énergie en hiver et une hausse des consommations en été (augmentation de la température moyenne mais aussi des vagues de chaleur[1]), est anticipée, autrement dit, une nouvelle définition de la courbe de charge, avec des pics de demande déplacés de l’hiver à l’été. L’estimation des nouvelles demandes de chauffage et de climatisation repose sur le calcul des degrés-jours de chauffage et de climatisation, tels que définis par les modèles climatiques. Étant donné les caractéristiques du système énergétique de la région et de la priorité accordée à la maîtrise de la demande et à l’efficacité énergétique dans le plan « Midi-Pyrénées Energies 2011-2020 », le secteur des demandes des bâtiments constitue un des axes centraux d’étude des impacts potentiels des changements climatiques sur le système énergétique de la région.
  • une diminution des consommations d’énergie en hiver et une hausse des consommations en été (augmentation de la température moyenne mais aussi des vagues de chaleur[1]), est anticipée, autrement dit, une nouvelle définition de la courbe de charge, avec des pics de demande déplacés de l’hiver à l’été. 

  • L’estimation des nouvelles demandes de chauffage et de climatisation repose sur le calcul des degrés-jours de chauffage et de climatisation, tels que définis par les modèles climatiques. Disponibles dans le rapport Jouzel (Peings et al., 2011) à l’échelle du Grand Sud-Ouest, des données locales sont à obtenir pour évaluer les changements de demande de la région.

En lien avec ces variations, le taux d’équipement des ménages en climatiseurs pourrait fortement augmenter. Il est actuellement faible (5 %) en comparaison des pays limitrophes connaissant aujourd’hui un climat plus chaud : 25 % en Italie, 36 % en Espagne. 

Étant donné les caractéristiques du système énergétique de la région et de la priorité accordée à la maîtrise de la demande et à l’efficacité énergétique dans le plan « Midi-Pyrénées Energies 2011-2020 », le secteur des demandes des bâtiments constitue un des axes centraux d’étude des impacts potentiels des changements climatiques sur le système énergétique de la région, d’autant plus qu’il est au cœur des enjeux d’adaptation et d’atténuation et soulève des questions importantes de gestion des pointes de demande.

 Les tempêtes pourraient avoir des impacts sur les infrastructures de transport et la distribution de l'électricité, les coupures étant principalement liées aux chutes d'arbres. Les options d’adaptation disponibles et pouvant être modélisées sont : la possibilité d’investir dans des réseaux souterrains, moyennant investissements ; la possibilité de viser la minimisation de l’utilisation du réseau HT (autrement dit, privilégier la production décentralisée). ·       Cet impact n'est pas pris en compte dans la version actuelle du modèle.

 

L’augmentation des pertes techniques sur le réseau de transport et de distribution n’est pas mentionnée par le SRCAE.  Étant considérée faible selon la littérature (voir le début de l’annexe technique 6) sa représentation n’est pas considérée nécessaire.

 

 

 

Autres impacts

 

  • D’autres impacts sont envisagés, tels que : l’augmentation importante du nombre de piscines individuelles, pouvant être à l’origine d’une augmentation de l’utilisation de l’eau et de l’énergie en période d’été ; la surconsommation de carburant liée à la climatisation dans les systèmes de transport, aussi bien dans les voitures particulières que dans le train et les transports collectifs ; selon l’ADEME, un véhicule climatisé consommerait, suivant les climats, entre 2 et 5% de plus annuellement qu’un véhicule non climatisé (Groupe interministériel Impacts du changement climatique, adaptation et coûts associés en France,2009). Bien que non mentionné dans le SRCAE, des impacts potentiels sur l’activité touristique de la région pourraient aussi être observés à long terme, par exemple, liés à la demande croissante d’électricité pour la production de neige artificielle. Ces impacts ne sont pas quantifiés pour le moment, mais pourraient être l’objet de scénarios de demandes énergétiques définis de manière exogènes.
  • Aucune information n’est disponible, pour le moment, sur les impacts potentiels des changements climatiques sur les ressources renouvelables autres que l’hydro et sur la disponibilité locale de la ressource en bois.  Toutefois, même si la vulnérabilité climatique de ses ressources se révélait faible, il apparaît intéressant de les inclure dans l'analyse d'incertitudes puisque d'autres sources d'incertitudes sont à prendre en compte, telles que l'acceptabilité sociale entourant certaines de ces ressources.
  • Finalement, étant donné l’intégration du réseau électrique de la région MIP dans le réseau français, la définition de « conditions appropriées aux bornes du modèle» (prix et/ou  quantité des énergies fossiles, de l'électricité, des biocarburants) est requise pour refléter les sources d'incertitudes géopolitiques auxquelles la région est soumis, ainsi que pour éviter que le modèle adopte, comme stratégie d’adaptation systématique en cas de réduction de la disponibilité locale de production et d’augmentation de la demande, le recours à l’électricité provenant de l’extérieur de la région. 

 

[1] En 2003, la canicule a mené à une hausse de consommation d’électricité de 5 à 10 % à l’échelle française, en raison de la sollicitation plus importante des réfrigérateurs, congélateurs, climatiseurs, ventilateurs et instruments industriels de refroidissement.